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Le Fonds social européen organisait, ce 1er décembre 2017, une “peer review” consacrée à l’accrochage des NEETs. Ce terme désigne les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation. De nombreux porteurs de projets ont ainsi pu échanger leurs expériences et découvrir des pratiques afin de les ramener et les maintenir dans un dispositif d’insertion et de formation.
Le 1er décembre 2017, une centaine de porteurs de projets soutenus par le FSE (Fonds social européen) et l’Initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ) se sont réunis dans les locaux de Greenwal (Les Isnes), afin d’évoquer l’identification et les possibilités d’accrochage des “NEETs”, acronyme qui désigne les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation.
Cette frange fragile de la population pose des défis aux acteurs sociaux, raison pour laquelle le FSE a mis sur pied cette journée d’échanges entre pairs. Ceux-ci sont des chargés de projet en contact, directement ou indirectement, avec des jeunes en situation de décrochage. Étaient notamment représentés :
- Des centres de formation (Le Forem, IFAPME, etc.) ;
- Des projets dédiés aux NEETs ;
- Des écoles ;
- Du personnel de CPAS ;
- Des représentants de la Wallonie.
Les situations singulières des NEET
La reconnaissance et l’identification des NEET représente un premier défi en soi. “Un NEET ne se définit pas, car un être humain ne se définit pas, s’exclame Marc Leclef, directeur de La Posterie (Centre culturel de Courcelles). Un être humain s’exprime, au travers d’un tas de moyens de communication. (…) Notre rôle est d’abord de capter cette sensibilité, et on passe aux choses formatives après.”
Etre NEET, cela correspond en effet à une multitude de situations réelles. Il était donc nécessaire de faire le point sur les réalités entourant les NEETs, et les points communs que l’on peut distinguer.
Tel fut l’objectif des exposés de la matinée, présentant à la fois les résultats d’une recherche menée par l’OEJAJ (Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse), ainsi que des projets menés en Allemagne et en Finlande. Marc Zune, professeur en sciences sociales à l’Université Catholique de Louvain, a quant à lui rappelé les défis rencontrés dans la mise en œuvre de l’IEJ, lesquels allaient faire l’objet de discussions durant l’après-midi :
- Repenser les modes d’actions pour aller vers les jeunes ;
- Composer avec la diversité des NEETs et leurs parcours ;
- Gagner l’intérêt des jeunes.
“C’est la première rencontre de cette ampleur que nous organisons pour cette programmation, explique Jenny Charlier, directrice adjointe du FSE. L’objectif est que nous réfléchissions tous ensemble à cette problématique, afin d’établir des pistes et d’émettre des suggestions aux autorités compétentes.”
Partage de pratiques et de savoirs
L’après-midi était quant à elle consacrée à la mise en place d’ateliers, répartis en groupes de discussion. Ils ont permis aux coordinateurs de projets d’échanger leurs points de vue sur quatre problématiques principales :
- La “définition” du NEET et l’identification des risques ;
- Les lieux et méthodes pour trouver les jeunes en situation de NEET ;
- La motivation, l’aide à l’orientation et le maintien dans le parcours ;
- La collaboration entre les secteurs.
Lors de ces différents ateliers, les participants ont pu écouter les témoignages de leurs pairs, tout en partageant avec eux leurs observations et défis rencontrés dans le cadre de leurs projets. “Je suis moi-même confrontée aux NEETs dans le cadre du projet Accrojump, donc cela m’intéresse de savoir ce qui est mis en place dans les autres écoles et les autres pays, explique Judith Calay, travaillant à l’Institut technique et commercial de Boussu. Cela permet de faire naître beaucoup d’idées, collectivement.”
Les discussions ont également été bénéfiques pour leurs homologues allemands et finlandais. “En Allemagne, nous rencontrons des situations similaires avec les NEETs, mais conduisons moins de recherches à ce sujet, acquiesce Stefan Dükomy, du projet allemand “Come In” (Hambourg)”. “Les approches pour motiver les jeunes varient beaucoup d’un endroit à l’autre, enchaîne Yasmin Asadie, coordinatrice du projet Youth Active Plus. On découvre donc d’autres pratiques, ce qui ouvre de nouvelles perspectives.” Une vision partagée par Pasi Savonmäki, du projet finlandais “One-Stop Guidance Shop” : “les situations sont générales, mais les solutions sont locales, confirme-t-il. C’est pourquoi il est important d’entretenir les relations internationales comme ici.”
Premières conclusions
Au terme de cette journée riche en enseignements, les porteurs de projets ont tiré ensemble les premières conclusions, synthétisées par une nouvelle intervention en séance plénière de Marc Zune. Une première note qui mettait en évidence, entre autres, les observations suivantes :
- La diversité des situations que rencontrent les NEETs ;
- La confiance à gagner auprès des jeunes, avant d’envisager une formation à proprement parler ;
- La présence de réseaux informels chez les NEETs, fonctionnant notamment au bouche-à-oreille ;
- L’importance des partenaires de terrain, comme par exemple les éducateurs de rue ;
- La nécessité de travailler en réseau et de favoriser l’échange d’informations.
“Il ne faut pas oublier que les NEETs sont tous des adultes en devenir, il faut donc prendre en considération leurs sensibilités et leurs individualités, souligne encore Marc Zune. Il est tout aussi important d'effectuer une orientation positive en leur présentant des choix, et en leur laissant la possibilité de se tromper.”
La synthèse complète des échanges de la journée servira à la confection d’une note d’orientation, qui sera ensuite présentée aux autorités publiques et à la Commission européenne.
De nouvelles rencontres FSE-IEJ seront organisées dans le courant de l’année 2018, afin de poursuivre les travaux entamés lors de cette journée productive.