BrailleTech : guider aveugles et malvoyants dans un monde hybride

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Dans le cadre de la Semaine des Technologies, la Ligue Braille organisait une édition hybride de son événement BrailleTech, du 14 au 20 octobre 2021, à destination des personnes aveugles et malvoyantes.

Du 14 au 20 octobre derniers, la Ligue Braille tenait une nouvelle édition du BrailleTech, au sein de son siège social à Bruxelles. Coïncidant avec la Semaine des Technologies, cet événement annuel est l’occasion pour cet organisme de présenter au public, en un seul et même lieu, les outils et technologies disponibles pour les personnes aveugles et malvoyantes, ainsi que les services que la Ligue met à leur disposition toute l’année, notamment avec l’aide de l’Europe et des autorités publiques.

L’objectif premier de ce salon est donc avant tout informatif. "Il y a encore aujourd’hui énormément de personnes, qu’il s’agisse de personnes handicapées, ophtalmologues ou autres professionnels de la santé, qui ne savent pas que ces technologies existent, explique Michel Magis, directeur de la Ligue Braille. Nous sommes donc là pour les informer, les aider à entreprendre les démarches pour se procurer ces outils et se former à leur utilisation."

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Nouvelle formule et nouveau public

L’événement a permis aux fabricants et fournisseurs de matériel adapté de déployer leurs vastes catalogues incluant lampes, loupes, téléagrandisseurs et autres logiciels informatiques. Encadrés par de nombreux bénévoles, les visiteurs ont à nouveau pu déambuler et tester les différents accessoires mis à leur disposition, contrairement à l’an dernier et sa formule 100% digitale, confinement oblige.

Il est à noter que cette édition toute virtuelle a permis de séduire un nouveau public, raison pour laquelle la Ligue a opté, en 2021, pour un format hybride mêlant présentiel et digital. Par exemple, le public a également pu suivre des vidéoconférences et webinaires en direct, abordant des sujets aussi variés que la recherche d’emploi, les objets connectés et autres conseils pratiques sur la prise en main de smartphones. "On sent un engouement pour ce genre de thématiques depuis le confinement, confirme Michel Magis. Certaines personnes sont subitement passées au digital alors qu’elles n’auraient jamais essayé de le faire par le passé."

Un enthousiasme qui s’accompagne naturellement de nouveaux défis, notamment autour de logiciels liés au télétravail tels que Zoom ou Teams. "Nous avons reçu énormément de demandes à ce sujet depuis 2020, explique le directeur. Cela peut nous sembler évident, mais pour des personnes aveugles ou gravement malvoyantes, qui sont souvent âgées de surcroît, cela devient vite compliqué. Donc, il faut aller sur place pour montrer, pour expliquer… c’est tout un apprentissage que nous faisons. »

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Quand le design rencontre la flexibilité

Parallèlement aux systèmes de communication, le télétravail a également eu un impact direct sur le matériel proposé par les fournisseurs lors de ce BrailleTech, avec cette année, un seul mot d’ordre : flexibilité. "Lorsque vous travaillez à un poste administratif ou que vous êtes à un endroit précis, vous avez du matériel fixe, qui peut peser entre 25 et 30 kilos, explique Julien Rolin, responsable du service d’information sur les adaptations techniques. Donc, quand du jour au lendemain vous passez en télétravail, aménager un autre poste de travail peut vous poser problème."

À côté des écrans géants et autres "Smart Readers" imposants, des outils beaucoup plus discrets, au design parfois très proche d’une simple lampe, ont fait leur apparition sur ce marché. "L’avantage de ces outils est double car non seulement on se retrouve avec un espace de travail plat, mais en plus ce matériel est facilement portatif, détaille Julien Rolin. Et puis, cela permet aussi d’éviter certaines questions parfois ennuyeuses ou répétitives de la part de l’entourage."

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L’autonomie a un prix

Possédant des bureaux aux quatre coins de la Belgique, la Ligue Braille offre toute l’année une multitude de services aux personnes aveugles et malvoyantes. Ceux-ci incluent un centre de formation professionnelle, des bibliothèques, des animations culturelles, des magasins spécialisés, un service social ou encore un "Labo de Lumière" permettant d’analyser les besoins en lumière de chacun et d’y répondre de manière optimale.

Grâce aux différentes sources de cofinancement régionaux et européens –dont ceux du Fonds social européen, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la COCOF, notamment– ainsi qu’aux dons et legs dont la Ligue bénéficie régulièrement, l’ensemble de ces services sont gratuits pour les bénéficiaires. "La gratuité fait et fera toujours partie de nos fondements, rassure Michel Magis. Les subsides sont néanmoins cruciaux pour répondre à l’augmentation croissante des nouvelles demandes. Celle-ci est liée d’une part à l’allongement de l'espérance de vie, et donc aux pathologies visuelles liée à l’âge, mais aussi à la notoriété grandissante de la Ligue."

Notons par ailleurs que, malgré l’augmentation de l’espérance de vie, les personnes inscrites de plus de 65 ans ne peuvent bénéficier d’une intervention financière dans l’obtention de matériel adapté. "Or, certaines pathologies telles que la dégénérescence maculaire liée à l'âge ne se déclarent qu’après 65 ans", indique Julien Rolin. "On se retrouve alors avec des personnes âgées qui n’ont pas de matériel, sauf si elles peuvent se le permettre. Sachant que l’on chiffre par exemple les TV Loupes entre 3000 à 5000 euros, qu’on le veuille ou non, on reste dans une logique où l’autonomie a un prix."